De plus en plus d’aînés sont victimes de maltraitance selon les chiffres de l’organisme spécialisé en la matière DIRA-Estrie. Si celui-ci recensait « moins d’une centaine » d’ouvertures de dossier de maltraitance en 2020-2021, on en compte 124 pour l’année 2021-2022.
D’après les documents consultés par La Tribune, qui seront présentés dans le prochain rapport annuel de l’organisme, 55 de ces dossiers ont un lien avec de la maltraitance psychologique et 46 avec de la maltraitance financière.
« On constate une augmentation des demandes, mais aussi une augmentation de la complexité des demandes qui nous sont faites. La pandémie a probablement fait en sorte que plusieurs enfants de personnes aînées qui sont aux prises avec des problèmes de drogue ou de jeu par exemple vont demander de l’argent à leur parent aîné. La maltraitance financière est donc de plus en plus répandue », explique la directrice générale et intervenante au DIRA-Estrie, Lucie-Caroline Bergeron.
Elle souligne que la majorité des gens qui font subir de la maltraitance aux aînés font partie de la famille de ceux-ci, ce qui complique beaucoup l’intervention auprès de ces personnes.
Dès les premiers instants, selon Mme Bergeron, il est beaucoup plus difficile pour les gens de se décider à dénoncer un membre de sa famille, car ils ne veulent pas nuire à ce dernier.
Par la suite, les personnes qui ont la force de dénoncer un comportement d’un membre de la famille sont plus enclines à douter de la nécessité et du bien-fondé de leur démarche, encore une fois car elles ne veulent pas causer préjudice à un neveu, une fille, un filleul.
La maltraitance financière se répand plus rapidement, selon la directrice générale du DIRA-Estrie, Lucie-Caroline Bergeron.
LA TRIBUNE, JEAN ROY
« C’est ce qui fait que peu de dossiers sont judiciarisés, car le plaignant craint les répercussions sur sa famille. Quand il s’agit d’un inconnu, c’est plus facile. […] Mais il demeure que c’est une quantité infime d’aînés victimes de maltraitance qui se rend au poste de police », note quant à elle Nicole Lévêque, qui est policière communautaire au Service de police de Sherbrooke.
Selon les documents du DIRA-Estrie, 73 aînés ayant ouvert un dossier pour cause de maltraitance en Estrie provenaient de Sherbrooke. Les MRC du Haut-Saint-François (14), du Val-Saint-François (11) et de Memphrémagog (10) suivent dans ce triste palmarès.
D’ici au 15 juin, les aînés sont invités à écrire des petits mots à insérer dans la Boîte à poésie pour signifier leurs vœux et espoirs quant à un monde de bientraitance.
LA TRIBUNE, JEAN ROY
Miser sur la bientraitance
C’est dans ces circonstances que le Comité prévention maltraitance de l’Estrie entame ses activités en prévision de la Journée mondiale de lutte contre la maltraitance des personnes aînées, qui aura lieu le 15 juin.
Ainsi donc, ce regroupement d’organismes veut mettre l’accent sur la bientraitance pour sensibiliser la population aux dangers de la maltraitance des aînés.
« La bientraitance est considérée comme une approche positive qui est un levier complémentaire pour combattre la maltraitance. Ça peut contribuer à prévenir l’apparition de celle-ci en faisant la promotion de comportements respectueux et positifs. La bientraitance vise le bien-être et le respect, notamment », souligne Lucie-Caroline Bergeron.
« Ça touche aussi à la bienveillance, qui peut n’être qu’une simple attention, un sourire ou une oreille attentive », souligne le président d’honneur des activités du comité pour l’année 2022, l’animateur de radio Stéphane Lévesque.
L’activité principale offerte aux aînés cette année est de leur donner accès à la Boîte à poésie, initiative conçue par la Sherbrookoise Sondès Allal, pour que ceux-ci y déposent anonymement leurs « vœux et [leurs] espoirs » en lien avec le thème « rêver ensemble un monde de bientraitance pour les aînés », lance le porte-parole du comité et directeur du CAAP-Estrie, Serge Arel.
D’ici au 15 juin donc, la Boîte à poésie se déplacera à divers endroits, dont la Bibliothèque Éva-Sénécal les 4 et 5 juin ou l’Hôpital D’Youville les 6, 7 et 8 juin. Une version anglaise sera également disponible au Square Queen de Lennoxville.
Les messages seront dévoilés le 15 juin au parc Jacques-Cartier. M. Arel n’exclut pas la possibilité de les utiliser pour créer une exposition permanente.
source: lavoixdelest.ca
