C’était l’anniversaire de ma belle-maman il y a quelques jours, elle a eu 94 ans. Une dame encore pleine de vie, intéressante et intéressée aux sujets d’actualité, tant la politique que la santé et l’éducation, les finances et les arts. Mais elle a la fragilité de son grand âge, la nécessité de ses repères, le besoin de stabilité après ces deux années de pandémie et, juste avant, le deuil de son mari avec qui elle a passé plus de 70 ans de vie.
Elle demeure aux Jardins du Haut St-Laurent, une résidence pour personnes âgées autonomes et semi-autonomes à St-Augustin-de-Desmaures, annexée au CHSLD du Haut St-Laurent. L’année dernière, elle a été informée que les appartements pour personnes autonomes et semi-autonomes qui se libèreraient ne seraient pas comblés mais que ceux qui y vivent pourraient demeurer le temps qu’ils le souhaitaient.
La semaine dernière, elle a été informée d’une nouvelle orientation du CHSLD à l’effet que la trentaine de résidents autonomes et semi-autonomes devaient quitter d’ici six mois. À la rencontre d’information, les personnes âgées concernées n’étaient pas certains de bien comprendre ce qui leur arrivait, plusieurs ont pleuré car ils n’ont pas tous une garde rapprochée de proches aidants comme ma belle-maman pour prendre en charge le branle-bas de combat qui leur est annoncé.
En plus de laisser un milieu de vie qu’elle aime, ma belle-maman a des deuils à faire supplémentaires, comme dire adieu aux amies des cartes grâce à lesquelles elle a passé au travers de la COVID des deux dernières années. Dire adieu à des gens qu’elle estime énormément, que ce soit en cuisine ou au ménage, aller vers l’inconnu.
Ces personnes autonomes et semi-autonomes, qu’il faut déplacer, sont et seront fragilisés par ce changement non désiré résultant d’une volonté administrative du CIUSSS, fort probablement liée à des considérations financières. Les capacités cognitives de ces personnes très âgées seront grandement sollicitées pour permettre des interactions adéquates avec le nouvel environnement qui les attend, de s’adapter et d’interagir avec de nouvelles personnes, voire se faire de nouveaux amis. J’espère de tout cœur qu’ils réussiront à passer cette épreuve.
Je tenais à faire connaître cet état de fait qui ressemble à un tsunami pour ces aînés dont il faut prendre soin, comme ils disent…
Lynn Lord
Québec
source : lesoleil.com
